En plein mois d’août nos esprits sont occupés, cela fait des semaines que l’on prépare notre voyage en Islande, point par point on vérifie si on a bien tout choisi au niveau matériel : tente, chaussures, duvets, sac à dos, etc. Bien heureusement, rien ne vaut le test grandeur nature, alors c’est décidé : on va faire un mini trek pendant nos vacances en Lozère, ce sera l’occasion de voir si nos choix ont été les bons. Habituellement je campe quand je passe mes vacances à la campagne, du coup ça me changera pas beaucoup.
Vu la distance à parcourir entre Nantes et la Lozère, on a décidé de faire cela en 2 étapes. Nous voilà donc parti pour le centre de la France, où on passera une nuit près d’un lieu bien sympathique. D’ailleurs, le lendemain on se fera une balade de quelques heures autour du lac, dans les marais 🙂
La Lozère, tu m’aères !
Arrivé aux Salelles, on se met en chasse d’un itinéraire à suivre, nous trouvons plusieurs idées, mais une revient régulièrement : aller faire un tour sur le causse de l’Aubrac. Le plateau est coupé par les frontières de 3 départements : Lozère, Aveyron et Cantal. Ce lieu est un concentré de nature, on y trouve des pâturages, des rivières, des marais, des forêts et des vaches 🙂 Bon, nous avons le lieu, maintenant il nous faut un tracé. On pourrait couper à travers champs, mais la majorité des espaces sont privés et il est plus rassurant de suivre un chemin connu. On se dirige donc vers l’office du tourisme local : mon oncle Gil et mon père, à eux deux ils sont une source intarissable de conseils et d’informations. Cela fait 50 ans qu’ils viennent marcher dans le coin et dès que l’on leur expose notre envie, ils nous sortent des tas de cartes et autres dépliants. Avec Alicja, on jette notre dévolu sur un topo de GRs et sur une carte globale IGN du plateau. En 5 minutes notre choix est fait, merci la famille.
Quel tracé choisir ?
Vu que l’on veut faire un trek court, une nuit, il faut que l’on improvise, on va donc mélanger deux GRs pour faire une boucle : le 65 et le 65a, son alternative. Ça nous fait partir de la ville d’Aubrac, passer à Nasbinals, puis une étape près de Marchastel et enfin, revenir au début en passant près du Lac de Saint Andréol. Globalement, on va parcourir plus ou moins 35 km en deux jours.
Ce parcours est parfait car balisé et réputé, le GR 65 est un tronçon d’un chemin de Compostelle Patrimoine mondial de l’UNESCO, donc bien entretenu. Seul inconnu, où dormir ? A ce niveau, nous avons 2 possibilités, soit on trouve un camping près de Marchastel, mais dans ce coin reculé ça ne doit pas être facile, soit on fait du camping sauvage, mais à ce sujet la législation française n’est pas très claire. Après de longues recherches sur le net à ce niveau, on décide pour l’aventure, on verra bien sûr place et on improvisera, pour une nuit ça devrait le faire.
Quel matériel prendre ?
Pour ce trek, on part avec des sacs à dos de 35 litres, ça peut paraître beaucoup aux adeptes de la MUL (Marche Ultra Légère), mais le souci est que notre tente n’est pas des plus légères. De toute manière, on est là pour tester donc l’objectif n’est pas à l’optimisation du poids. De plus, pour l’Islande on aura plus lourd et plus grand, autant s’entraîner physiquement. Il nous faut donc de quoi porter, dormir, manger, s’habiller, se sécuriser et bien sûr photographier ;).
- La tente est un modèle peu cher et d’une marque pas très connue de nationalité tchèque : la Texas Evo de Loap. Elle est de type igloo, pour deux, assez lourde : 2,5 Kg. On l’a eu en déstockage pour pas cher, elle va jouer un rôle important dans notre périple.
- Vu que la poste a mal géré notre colis contenant le réchaud, on ne pourra ni le tester et ni manger chaud, 🙁 dommage.
- Niveau chaussures, on va pouvoir tester nos Merrell. On connaît déjà bien cette marque pour son confort et la qualité de ses matériaux.
- Pour les vêtements « hard shell » et sous couches thermiques, je ne vais pas tout détailler mais, grosso modo, on réutilise du matériel acheté pour le ski.
- La partie photographie sera composée de mon appareil Sony Alpha 7, son objectif 18-55mm et de notre GoPro 3 Hero Black. Alicja veut jouer avec la Go Pro.
Nous voilà donc prêt !
Première journée de randonnée
On a prévu de se lever relativement tôt pour un jour de vacances, à 8h le réveil sonne. Cela nous donne le temps de prendre notre petit déj’, nos sacs et de faire les 45min théoriques de route nous séparant de notre point de départ, on veut arriver à 10h sur place. Alors, je dis « théoriques » car c’est sans compter notre erreur sur l’autoroute : mauvaise sortie et donc on se fait un aller-retour sur une portion de la route. Passé cette mésaventure, nous voilà en pleine campagne, ça fait plaisir de se retrouver à des kilomètres de toute « civilisation », il y a bien sûr des petits hameaux, mais on se sent bien en pleine nature.
La maison d’Aubrac
Arrivé à LA ville : Aubrac. On retrouve un peu d’animation et nous mettons en quête d’une place pour laisser la voiture pendant ces deux jours. On se pose près du point de départ : La maison de l’Aubrac. Cette maison est en fait un genre d’office du tourisme, on y retrouve des expositions, des informations, un café/restaurant. A l’entrée du jardin l’entourant, on retrouve une carte du Causse de l’Aubrac avec plusieurs tracés et points d’intérêts.
Alors, il faut savoir que ce lieu est surtout sur le passage d’un chemin de Compostelle. Il existe plusieurs tracés permettant d’aller à St Jacques de Compostelle de partout en Europe. Il suffit, en fait, de partir d’un lieu saint chrétien, telle une église ou une cathédrale et de rejoindre l’Espagne en passant par plusieurs GR connus, c’est en tout cas le plus simple. Il existe, par exemple, un chemin de Compostelle démarrant à Notre Dame, à Paris. On reconnait ces tracés par la présence d’une demi-coquille Saint-Jacques accrochée aux arbres, monuments ou barrières. Il est possible d’obtenir un plan regroupant les chemins de Compostelle les plus connus, j’en ai récupéré un à cette Maison de l’Aubrac.
C’est parti !
Aller, il est 10h on y va ! La météo n’est pas parfaite mais bon on est bien équipé. Le tracé commence derrière la maison, on passe par des jardins potagers puis on rejoint l’entrée de la ville en 10 minutes, où y on coupe la route principale pour aller dans les champs. Quand je parle de champs, ne vous méprenez pas il ne s’agit pas de champs de blé ou autres céréales, mais de pâturages pour les bovins, en gros c’est de l’herbe :). Première découverte de la rando, on croise et traverse des troupeaux de vaches, mais aussi de taureaux. De prime abord, on se sent bien observé, il protège ses femelles et ses petits, mais si on garde ses distances tout se passe bien. On marche tranquillement donc sur un chemin bien tracé au sol, ça grimpe dès le début donc on se déshabille pas mal. On vire les vêtements apportant de la chaleur, le principe de couches fonctionne à merveille. Au bout de quelques minutes, on constate que tout le monde marche en sens opposé, étrange. En regardant notre topo de plus près, on se rend compte que c’est nous qui prenons le chemin à l’envers. Attention, je ne dis pas qu’il y a sens dans un GR sauf que là c’est à contresens des « Copostelliens », en gros, on a un peu l’impression d’être des « antéchrist » ;).
Une demoiselle en détresse
Au détour d’une colline, nous tombons nez à nez avec 2 femmes qui font une pause, au milieu de la route, tout en regardant au loin, un peu inquiètes. J’engage la conversation et elles nous racontent qu’elles attendent une amie qui leur a dit « Je me repose 5 minutes et je vous rattrape ». Par contre, ça fait 20 minutes qu’elles attendent et ne la voient toujours pas, pourtant d’ici on a une vue bien dégagée sur le chemin, vu que l’on est en haut de la colline, d’où leur inquiétude. Je leur demande à quoi ressemble leur amie et quel est son prénom, ainsi si on la croise nous lui dirons que ses amies l’attendent ici. On discute de tout et de rien puis une d’entre elles me dit « Il est bien votre sac que vous portez sur le ventre. ». Alors, effectivement j’en ai pas parlé mais j’ai un sac ventral de la marque Raidlight, d’environ 10 litres, me permettant de ranger pas mal d’affaires en accès rapide, comme mon appareil photo, il s’accroche aux sangles de tous sacs à dos. Je commence à lui en faire la démonstration et à lui vendre ses avantages, la pensant intéressée mais, elle me coupe : « Merci pour les explications, mais en fait je le connais bien ce sac, c’est mon conjoint qui l’a conçu, je voulais seulement savoir s’il vous plaisait » … Attendez un peu, ça veut dire que je suis tombé sur la femme du designer de mon sac ventral ? Déjà, ce type de sac ce n’est pas très connu, ce modèle n’est pas le plus courant, sans rire, quelles étaient mes chances de tomber sur elle ? Ca fait « cliché » mais le monde est vraiment petit :).
On repart donc tranquillement et 10-15 minutes plus tard, effectivement, nous rencontrons une femme qui répond au signalement. Aller je me lance « Martine ?! » (Honnêtement au moment où j’écris je ne me souviens plus de son prénom) « Heu oui, c’est moi, mais comment … », on lui explique que ses amies l’attendent plus loin et elle nous remercie. Ce n’est peut-être pas grande chose, mais ça me plaît de faire en sorte qu’il y ait plus d’entraide entre les gens.
« Business is business »
Nous continuons notre chemin en longeant de petits murets de pierres qui bordent les champs. De temps à autre, on traverse des barrières prévues et aménagées pour que le randonneur puisse passer sans les abîmer. Fait intéressant : les propriétaires des terrains placent de petites boites en fer, fermées avec des cadenas, pour que les gens donnent, s’ils le veulent, un peu d’argent pour l’entretien des lieux. Honnêtement, je trouve cela un peu abusé de demander une participation alors que les gens empruntent 1 mètre de terrain courant le long d’une barrière ou d’un muret. On a un peu l’impression qu’ils font la quête auprès des pèlerins, c’est plus ça qui me dérange.
Revenons à nos moutons, du moins à nos vaches :). Il y en a très régulièrement sur le chemin c’est vraiment un des symboles de cet endroit, on les trouve magnifiques toutes fardées comme des demoiselles qui vont au bal, non ?
La journée avançant, on se fait des pauses régulières pour boire et prendre des photos. Vers 13-14h, on se trouve un coin tranquille à l’abri sous un arbre pour pique-niquer, protégé car il pleut, la météo est très changeante sur ce plateau, on oscille entre beau soleil et pluie fine. La température, quant à elle, est plutôt stable, il doit faire dans les 25° par ce temps pluvieux. Ce qu’il y a de très agréable en randonnée, d’autant plus sur un chemin de Compostelle, c’est que l’on rencontre des gens très cordiaux, la majorité nous a souhaité bon appétit lors de nos pauses et on discute facilement, ça rend le trek plus agréable.
Trouver où dormir est-ce facile ?
Après avoir marché une bonne partie de la journée, on arrive à la moitié de notre parcours, normalement près de Rieutort d’Aubrac et Marchastel il y a un camping, on a hâte de monter la tente. A Rieutort, on tombe sur des marcheurs qui s’approvisionnent en eau à la fontaine, en faisant de même, on les questionne, mais ils n’ont pas plus d’information. Pourtant, d’après Google Maps, il y a un camping dans le secteur.
On descend vers Marchastel pour chercher des informations à la mairie et dans les rues, mais à part 2-3 auberges aux prix exorbitants, une propose sauna et piscine intérieure, rien. Au bout de 20 min de recherche, on se dit que le jour commence à descendre et qu’il faut vraiment trouver où dormir. D’après mon estimation, il reste 1 h de soleil pour planter la tente et il ne reste pas beaucoup de solutions, on finit donc par décider de faire du camping sauvage, *tatataaan* (effet de style afin de garder votre attention). Franchement, ce n’est pas facile de savoir si c’est autorisé ou pas et surtout dans quelles conditions.
On se dit que l’on va se mettre derrière des arbres, dans un champ, à l’abri des regards et cela ira bien.
Nous continuons donc notre chemin et entamons le parcours du deuxième jour. Au bout de quelques minutes, nous nous retrouvons dans les champs, au bout du chemin : une vieille ferme et des vaches. Sur le GPS le tracé n’est plus aussi clair que sur l’autre GR, aucune indication de randonné. Nous avons le choix entre 2 chemins qui rentrent dans des propriétés privées, le premier a un portail en fer et le deuxième un petit en bois tenant par « magie ». Nous prenons la décision de passer par celui qui est en bois et de remettre tout en place, les proprios n’y verront que du feu. On se dirige vers une forêt que l’on aperçoit tout en longeant un muret de pierre. Ceux-ci sont de bons repères pour éviter les ennuis, on l’apprendra à nos dépends le lendemain.
Après avoir traversé quelques champs, on se retrouve finalement entre 2 forêts « cultivées ». Elles sont très denses, une centaine de mètres sur une vingtaine, et entourées de grillage / barbelés, pour du bois je ne vois pas vraiment l’intérêt mais bon pourquoi pas. Un troupeau complet de vaches et taureaux est à 75 m de nous, derrière une des deux forêts, on entend leurs cloches. Nous choisissons donc de nous installer près de la première forêt pour éviter la confrontation vache-humain, comme ça nous sommes cachés de l’habitation la plus proche (300m peut être) et à l’abri du vent, en tout cas on dirait bien.
Nous montons la tente tranquillement face au coucher de soleil, le paysage est magnifique. Une fois installé, on mange notre repas bien mérité 🙂
Petite anecdote, pour une raison que je n’ai pas encore défini, bien que je suspecte les réglages de mon sac à dos, une fois tous mes muscles refroidis, je ne peux plus soulever mes bras, je bloque un peu avant l’horizontale comme un zombi, ï=
Heureusement, de la crème et du repos vont mettre fin à mon calvaire, du moins à celui d’Alicja : « tu peux attraper ça, tu peux m’aider, tu peux … » ;).
On continue ?
Ne ratez pas le deuxième jour ! Celui-ci va commencer beaucoup plus tôt que prévu vers 4-5h du matin, il va y avoir du vent, des marais, des rivières, des gens perdus, des vaches, des fêtes de familles (on suppose), du suspens, du sang (heu non je m’emporte) … à bientôt pour la suite.
Voilà le premier jour, il ne s’est pas passé grand-chose et pour une fois je voulais écrire non pas à la manière d’un guide, mais comme si parlais à un ami. J’espère que ça vous a plu, n’hésitez pas à me donner votre avis en commentant juste en dessous de l’article.
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